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Parcours de vie

©DR

Célimène Gaudieux

Célimène Gaudieux (1807-1864) est né d’un père créole du nom de Louis Edmond Jean, fils de deux esclaves affranchis. Sa mère prénommée Candide est une esclave également d'origine malgache que son père a affranchi en 1811, mais qui demeure sa domestique et qu'il finit par épouser en 1830, reconnaissant leurs deux filles Marie-Monique et Célimène. Elle épouse le maréchal-ferrant Pierre Gaudieux en 1839. Ils tiennent un relai de poste renommé sur les hauts de St Paul où s'arrêtent les voitures attelées. Célimène est dotée d'une vive intelligence. Elle n'a pas fréquenté l'école, mais elle sait tirer profit des leçons particulières données aux enfants des propriétés sucrières où elle vit. Elle manie le verbe avec aisance et sa répartie facile, en prose comme en vers, fascine des clients du relais, parfois à leurs dépens.
Le poète réunionnais Jean Albany raconte :
Elle n'était pas noire, elle avait un visage de mulâtresse, un teint safrané, de grands yeux en amande, une bouche sensuelle, un port de tête royal". À celui qui avait faim, elle servait un carry, un rougail, du vin. Du vin de Bordeaux, naturellement. Et, c'est alors que pinçant sa guitare, elle chantait toutes les chansons qui lui passaient par la tête, en français ou en créole... Elle en inventait même... Elle n'avait jamais appris à jouer de la guitare, ni à composer des airs, mais elle chantait quand même... Le premier marchand de mangues venu, le charretier qui passe, le voyageur lui-même, était matière à son ironie. Vers la fin de sa vie, un peu désabusée, elle se chantait elle-même.